Pourquoi avoir décidé de construire une nouvelle piscine à Jonfosse ?

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Mercredi 23 août 2017

Pourquoi avoir décidé de construire une nouvelle piscine à Jonfosse ?

Alors que les travaux de construction de la piscine de Jonfosse sont en cours, vous êtes plusieurs à m'interroger sur la raison pour laquelle la Ville a préféré cette option plutôt que de rénover les bains de la Sauvenière.

Voici les éléments de réponse :

Jusque dans les années 1990, les liégeois avaient la possibilité de se baigner dans les bains de la Sauvenière.

Cette infrastructure, construite dans l’entre deux guerres, a progressivement subi le poids des années, et sa réhabilitation aux normes actuelles était devenue impayable.

Il faut en effet savoir qu’il s’agissait d’une piscine à bassins dits « suspendus »  (car situés à l’étage et non pas au rez-de-chaussée), ce qui était très rare en Belgique, et très compliqué techniquement. Le bassin présentait d’ailleurs des fuites permanentes depuis sa construction.

Les études de faisabilité réalisées à l’époque concluaient à l’inadéquation du bâtiment avec le maintien d’une fonction de bassin de natation aux normes actuelles (normes propres aux piscines, normes de sécurité avec la présence d'amiante, mais également normes en matière énergétique, le bâtiment présentant une importante hauteur sous plafond, avec l’impossibilité d’isoler la verrière sans la masquer).

Il fut donc décidé de trouver une nouvelle affectation au bâtiment, ce qui fut fait avec succès en s'inspirant de l'exemple de Roubaix, comme je l'explique en fin de billet, et de construire une nouvelle piscine.

La priorité était de trouver un terrain au centre-ville afin de maintenir une accessibilité maximale aux habitants, à pied et en transports en commun, ainsi qu’aux nombreuses écoles du centre.

Le terrain de la rue jonfosse répondait à ces critères puisqu’il s’agissait d’un chancre urbain qui abritait un parking à ciel ouvert.

Un premier marché fut lancé en 2007, mais ne pu être attribué faute de subsides suffisant, la Ville ne pouvant assumer seule la construction de cet ouvrage important, estimé à 13 millions € TVAC.

A cette époque, la 1ère étude de pollution des sols mettait en évidence la présence de remblais contaminés et d’eau souterraine à une profondeur de 5 à 6 mètres.

Un premier subside fut octroyé en 2009 par la Gouvernement wallon, d’un montant de 2,5 millions €.

Suite à l’impossibilité de commencer les travaux, la Ville décida de renoncer au premier marché et de lancer en 2013 un nouveau marché de conception, réalisation et maintenance de la piscine à la SPV "Piscine Jonfosse" - BPC, Moury et TEM - Bureaux d’études : Garcia, A5A, Greisch et Cornet (acoustique).

Dans la foulée, un second subside d’un montant de 5,6 millions € fut octroyé en 2014, permettant au dossier d’avancer définitivement. La Ville de Liège assumant le financement de la partie non subsidiée des travaux.

Cependant, entre temps, un nouveau décret wallon relatif à la dépollution des sols fut adopté, augmentant les exigences en la matière.

De nouvelles études de caractérisation furent donc commandées et concluaient à la nécessité de réaliser des opérations de dépollutions supplémentaires et plus profondes. La présene d’hydrocarbures aromatiques polycycliques et de métaux lourds fut relevée. Ceux-ci concernaient l’ensemble de la surface de 3.300 m² et avaient une épaisseur variant de 3 à 5 mètres. Une tâche importante au droit de l’ancienne usine à gaz fut également identifiée, causée par une pollution aux huiles minérales, cyanures et phénols.

Le début du chantier fut à nouveau retardé afin de s’assurer que la population présente aux abords du site (riverains et étudiants) n’était pas exposée à ces pollutions. Toutes les précautions d’usages furent prises par la Ville en collaboration avec la société publique wallonne SPAQUE.

Des prélèvements ont été effectués entre les 10 et 31 août 2015. Les points de mesures ont été choisis de manière à couvrir tant les sites susceptibles d’être contaminés directement que des sites plus éloignés de la source, mais occupés par du public.

Ces études démontrèrent que les valeurs n’étaient dépassées et que l’école St Servais pouvait rester ouverte. Par ailleurs, la nappe aquifère n’est pas contaminée.

Cela n’enlève rien, bien évidemment, à la nécessité d’assainir le site « Jonfosse » et d’éliminer tout risque en évacuant les terres contaminées vers des centres de traitement agréés.

Le permis d’urbanisme a finalement été octroyé par la Région wallonne le 20 février 2017, après diverses études techniques et démarches relatives à l’obtention de ce-dernier. Le chantier a donc enfin pu commencer, et devrait être terminé au début de l’année 2019.

Il s’agira donc d’une piscine communale, publique donc, et ouverte à tous. La volonté du collège sera d’y maintenir des tarifs démocratiques, permettant un accès à toutes et tous. La vocation sociale de l’infrastructure est en effet primordiale pour le Collège.

Afin de permettre l’installation de la piscine, un nombre limité de maisons durent être expropriées et démolies, rue Stéphany. Ce fut également le cas du bâtiment abritant la structure d’accueil de l’abri de jour. Si la bâtiment a été démoli, le service est bien évidemment maintenu, et déplacé rue Morinval dans les locaux plus grands qui ont permis d’y installer plusieurs associations œuvrant en faveur des personnes les plus démunies.

Encore un mot sur la reconversion des anciens bains de la saunière : le projet de réhabilitation a vu le jour en 2002 sous l’impulsion de l’asbl Les Territoires de la Mémoire. Sans cela, le bâtiment aurait probablement été voué à l'abandon, et à la démolition. Les travaux commencent en 2009 et vont durer jusqu’en 2014.

Trois asbl y sont accueillies : Mnema, gestionnaire du lieu, Les Territoires de la Mémoire et le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège. Le succès du lieu est immédiat. Depuis l’inauguration en 2014, 230.000 personnes ont visité la Cité Miroir. Liège s'inspire ainsi du musée d'art et d'industrie créé à Roubaix dans les anciens bâtiments de la piscine !

Au final, les 2 sites (Jonfosse et Sauvenière) auront donc été réhabilités et les chancres auront fait place à des bâtiments à vocation culturelle, historique, sociale et sportive, dans un environnement entièrement dépollué. Au plus grand bénéfice de toutes les Liégeoises et de tous les Liégeois. 

L'action publique aura donc, selon moi, pleinement rempli son rôle, et j'en suis fier. 

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