Fêtes de Wallonie - Discours de rentrée

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Dimanche 16 septembre 2018

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi tout d'abord de remercier les artistes qui agrémentent notre séance académique des Fêtes de Wallonie à Liège, Julie Mossay et Sarah Defrise, Sopranos, Véronique Tollet, pianiste, le Choeur d'enfants, La Schola, ainsi que le Corps Royal des Cadets de la Marine.
Merci également à Stéphano Mazzonis et à ses équipes de nous accueillir à l'Opéra Royal de Wallonie.

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Mesdames et Messieurs,

A Liège, l'année a incontestablement été marquée par le drame du boulevard d’Avroy.
Le 29 mai 2018, vers 10h30, un homme a assassiné deux policières en service, Lucile et Soraya, et un jeune homme qui allait décrocher son diplôme d’instituteur, Cyril.

Trois belles personnes dont la vie a été ôtée par la folie humaine.

Sans les formations prodiguées aux communautés éducatives, conjuguées à la bravoure des fonctionnaires, des citoyennes, des citoyens, sans l'intervention déterminée des policiers, dont celle du PAB, ce drame aurait pu se terminer en catastrophe.
En hommage aux trois victimes, une plaque commémorative sera prochainement apposée sur les lieux.
A la mémoire de Lucille, Soraya et Cyril, en solidarité avec leurs parents, leurs proches, les policiers blessés,  je vous remercie de bien vouloir respecter un instant de silence.

Mesdames, Messieurs,

Une civilisation est jugée à quelques repères : à l’instruction et à la culture qu’elle prodigue, au sort qu’elle réserve aux plus faibles mais aussi à la manière dont elle organise et traite sa Police.

Une bonne police est axée sur la prévention. Elle doit s'appuyer sur les dispositifs civils qui l'aide dans cette mission.

A cet égard, les villes et communes sont inquiètes des mesures qui pourraient toucher la grande majorité des emplois de proximité, indispensables à la cohésion sociale.

Le service public est un élément essentiel du vivre-ensemble, c'est pour moi l'occasion de saluer le Directeur général, Philippe Rousselle et le Directeur financier, Michel Mans, et à travers eux toute l’administration communale, du CPAS et de la Police.
En effet, les opérations de maintien de l'ordre et de répression ne doivent intervenir qu'en dernier recours.

Pour l'ensemble de ces missions, les fonctionnaires de police doivent être soutenus.

Dans un livre intitulé « De la Police en démocratie », Sébastian Roche, sociologue et criminologue français, explique qu’à chaque fait de violence envers la Police, on connaît un mouvement de sympathie.

La population remercie alors les policiers en rue, par écrit, se manifeste.

L'auteur nous enseigne que cela dure quelques semaines et qu’ensuite, la relation amour – haine entre la population et sa Police se réinstalle.

L’idéal que nous devons poursuivre et qui, à Liège, est certainement plus accessible qu’ailleurs, est l'harmonie entre la population et sa Police.

C’est le cas, je le pense et cela doit le rester.

Bien sûr, cela nécessite de la Police de gros efforts, je le sais, mais cela nécessite également, de la part de la population, un respect pour celles et ceux qui sont démocratiquement chargés, parfois au péril de leur vie, de faire respecter nos lois et nos règlements.

Le meurtre d'Amaury Delrez, ancien de la zone de Police de Liège, aujourd’hui à Spa, l'a cruellement rappelé.

Je voudrais associer à l'hommage nos forces armées, qui se sont dévouées pendant plus de trois ans à Liège, et particulièrement le 12ème de Ligne.

Ce besoin de respect à l'égard des forces de l'ordre, évoqué par notre Chef de Corps, Christian Beaupère, il y a quelques jours encore passe par des actes concrets à poser par les responsables politiques.

Ces actes concernent notamment les formations, l'équipement et le statut.

Un grand nombre de formations et de politiques préventives sont mises sur pied par la Zone de Police de Liège et la Ville.
Nous sommes également très attentifs au cadre de travail et à l'équipement de notre force de police.

Je souligne que cette priorité, a toujours reçu à Liège, un appui bien au-delà du clivage majorité – opposition. Je remercie à cet égard le Conseil communal.

Ainsi, l'adaptation des horodateurs et l’acquisition lancée avant l’été de deux scan-cars, voitures équipées de caméras afin de contrôler le stationnement sur l'ensemble du territoire permettra, dès janvier 2019, de  moins exposer nos agents.  

Enfin, il faut être attentifs au statut des forces de police car, après les drames, la colère sociale gronde.

De quoi s'agit-il ? Il s'agit

  • de la réforme des instances disciplinaires ;
  • des congés de maladie ;
  • du salaire ;
  • des pensions ;
  • de la pénurie d'effectifs qui se monterait pour l'ensemble de la police à plus de 3.000 unités !

Il est clair que, si nous voulons de notre police, qui plus d'autres dans notre société est exposée, un engagement sans failles, il faut régler ces problèmes.

Et dans la chaîne de la sécurité, au-delà des polices locales et fédérales, il faut être attentifs à la Magistrature et au système d’exécution des peines.

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Mesdames et Messieurs,

Les 12 mois qui viennent de s’écouler ont heureusement connu de nombreux sujets de réjouissance.

Depuis son ouverture en mai 2016, le Musée de la Boverie a accueilli plus de 400.000 visiteurs pour découvrir les remarquables expositions temporaires et nos prestigieuses collections permanentes.

Bravo à Jean-Pierre Hupkens pour cette réussite culturelle, à Michel Firket pour le support touristique et à André Schroyen pour la qualité des aménagements du parc.

Liège s’est distinguée positivement dans de nombreux secteurs :  « Liège Cité de Noël », l'EuroGym, la dynamique commerciale saluée par l'étude de l’association du management des Centres-Villes.

Je tiens à féliciter Maggy Yerna pour sa vision et son opiniâtreté, remerciements auxquels j’associe Roland Léonard qui œuvre tant pour multiplier dans tous les quartiers de Liège des espaces publics de qualité.

Autre constat réjouissant : le nombre de jeunes étudiants à Liège ne cesse d'augmenter. Leur présence apporte du souffle à la Ville.

Soulignons, l'excellente rentrée, sous la direction de Pierre Stassart, dans l'enseignement communal liégeois et le travail en profondeur de Fouad Chamas à l’égard de la jeunesse.

J’associe à ces hommages Marie France Mahy qui, avec Le Centre Public d'Action Sociale, développe également une action essentielle à l’égard des jeunes liégeois, notamment les moins favorisés de nos étudiants.

De manière générale, c'est l'excellence de l'enseignement prodigué à Liège, tous réseaux et tous niveaux confondus, qui doit être souligné.

La reconnaissance internationale reçue par HEC Liège, en est une illustration. L’école de management de l’Université de Liège, est devenue la première business school belge doublement accréditée à l’échelle mondiale pour l’ensemble de ses activités.

Bravo à elle et aux équipes concernées !

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Une récente étude sur la mobilité dans les grandes villes nous indique que nous avons des progrès à faire en la matière. J'y reviendrai.

Cependant, réjouissons-nous de la réouverture, certes longtemps attendue de 3 gares, Seraing, Ougrée et Chaudfontaine.
Liège est désormais à 10 minutes tant pour les calidifontains et les habitants de la Vesdre que pour les seresiens et les habitants de la Haute Meuse.

Une réelle alternative à l'utilisation de la voiture se présente désormais pour des dizaines de milliers d’habitants.
Un abonnement intégré « train - bus » complète cette nouvelle offre de transport en commun pour l'agglomération liégeoise.

Ces progrès sont le fruit de 10 ans d’efforts menés par la conférence des 24 Bourgmestres des communes de l'arrondissement, toute couleur politique confondue.

La SNCB et le TEC sont devenus de véritables partenaires du développement de la Métropole.

Je les remercie et les invite à poursuivre un effort qui devrait amener notamment la réouverture des gares de Vivegnis et des Vennes.

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Mesdames, Messieurs,

Je pourrais continuer à égrener ces réalisations ou ces décisions importantes et positives qui changent Liège.

Mais je préfère plaider pour que nous conservions la capacité des Liégeoises et des Liégeois à transcender leurs différences pour servir l’intérêt supérieur de Liège.

J’ai pu m'appuyer sur cette force liégeoise pour mener des avancées significatives dans des domaines extrêmement importants.

Le premier a trait à la toxicomanie.

Ce fléau, enraciné dans nos villes, nous touche particulièrement, par notre position géographique proche des Pays Bas.

Depuis toujours, en compagnie des experts liégeois, que je salue et soutenu par le Conseil communal, je veux en la matière un plan global et intégré.

Celui-ci se heurte à nombre d'obstacles notamment sur le plan légal.

Mais, nier un problème n'aide pas à le résoudre.

Une facette lancinante de ce douloureux dossier touche à l'espace public qui, à Liège comme ailleurs, est le théâtre de scènes de la drogue.

Il était urgent d'entendre les doléances des citoyennes et des citoyens qui veulent un cadre de vie apaisé.

Il était urgent d'entendre les plaintes des usagers toxicomanes en détresse dans les parkings et les porches d'immeubles.

Il était urgent d'entendre les aveux d'impuissance des éducateurs et des policiers.

Je le dis solennellement aujourd’hui : c’est grâce au soutien de l’ensemble du Conseil communal et plus largement de l’ensemble de la Communauté liégeoise dans toutes ses composantes, judiciaire, policière, associative, socio-préventive et médicale et à celui d'Alda Gréoli, Ministre en charge à la Région, que j’ai pu mener ce combat afin d’ouvrir les portes de la première salle de consommation à moindre risque en Belgique.

Nous rejoignons ainsi 8 pays, 64 villes et 90 salles, sous la supervision de l'Observatoire européen des Drogues basé à Lisbonne.

Nous pouvons, sur le plan légal nous appuyer sur la théorie des pouvoirs implicites qui dit que l'Etat fédéral ne peut empêcher l'exercice d'une compétence attribuée aux Régions par la 6ème Réforme de l'Etat.

Mais j'espère, que la sécurité juridique absolue découlera d'un vote positif sur la proposition de Loi que j'ai défendu au Parlement avant de quitter celui-ci. Je tiens également à remercier Muriel Gergkens, qui a beaucoup contribué à l’évolution du dossier.

La Salle de consommation à moindre risque n'est qu'un maillon d'une chaîne plus longue.

Il faut rouvrir le dispositif TADAM qui soignait avec succès les usagers qui ont accepté de s'inscrire dans le programme de distribution contrôlée d'héroïne.

Il faut accentuer la prévention. Cela sera rendu possible si nous menons une politique sans tabou.
Il faut avec l'aide de la police fédérale accentuer la lutte contre les trafiquants et les mafias de la drogue, ceux-là qui gangrènent nos quartiers.

Enfin, il faut admettre que l'attitude des pouvoirs publics vis-à-vis du cannabis est définitivement inadaptée.

Je demande avec force une régulation par les pouvoirs publics de la consommation et donc de la production et de la vente du cannabis. Tout cela doublé d’une politique de prévention car il ne s’agit pas de banaliser un produit qui reste dangereux.

Nous passerons ainsi du domaine de la justice et de la police à celui de la santé publique !

A côté du plan « Toxicomanie », il est nécessaire de d'amplifier les actions mises en oeuvre en matière de sans-abrisme et de grande précarité.

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Autre projet majeur qui a nécessité la mobilisation de l’ensemble des Liégeois : le tram.

Je vous avais promis, Mesdames et Messieurs de revenir à la mobilité.

La décision wallonne d'attribution du marché est attendue ce mercredi 19 septembre.

Ce projet est vital pour Liège, ses habitants et son agglomération de plus de 600.000 personnes.

Vital parce qu’il va réduire de manière certaine les émissions polluantes liées à la présence de voitures et de nombreux bus, trop anciens, dans le centre-ville.

Vital parce qu’il va transporter de manière rapide et confortable, en effet les conditions actuelles sont indignes, 305 personnes toutes les 4 minutes 10 dans chaque sens de circulation.

Vital également pour la rénovation urbaine de 50 ha d’espaces publics, agréables et apaisés.

Vital enfin  car il va relier nos principaux pôles de développement du Val Benoît à Coronmeuse et Bressoux Droixhe, par Slessin, Fragnée, les Guillemins, les boulevards, le Pont d’Avroy, Opéra, St Lambert, Féronstrée, les quais de la Meuse et Saint Léonard.
Le tram sera opérationnel en 2022.  D’ici là,  avec les TEC, la SNCB, l’ensemble des Villes et communes de l’agglomération,il faudra revoir l’ensemble des lignes de bus.

Je tiens ici à remercier vivement celui qui, dans ce dossier comme dans beaucoup d'autres, a veillé aux intérêts liégeois au sein du précédent Gouvernement wallon, je veux nommer Jean-Claude Marcourt.

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Une question était posée hier par un grand quotidien : la Wallonie, manque-t-elle de leadership ?

Elle manque à coup sûr d'une vision équilibrée de son développement territorial. Sacrifiant trop souvent à la fois ses villes et ses campagnes.

Elle manque à coup sûr d'une politique pour ses villes et donc pour la Métropole liégeoise.

Elle manque d'un corps de règles adapté à la centralité, à la réalité urbaine.

Et le nouveau Gouvernement wallon, n'a pas montré de volonté d'amélioration.

En effet, la mention des villes a disparu des attributions ministérielles pour ne conserver que celle des pouvoirs locaux et celle de la ruralité !

Il en va ainsi de la mobilité, compétence régionale.

Ce n'est donc pas un hasard si les 2 grandes villes wallonnes figurent en queue de classement de la récente enquête nationale.
Certes, la méthodologie employée est contestable à plus d'un titre mais la tendance dénoncée est une réalité sur certains points.

Nous éprouvons beaucoup de difficultés à développer les pistes cyclables lorsque le territoire concerné est celui géré par la Région Wallonne.

Notre première ligne de tram a vu sa longueur rabotée et nous l'attendons depuis trop longtemps.

A cet égard, si le projet devait ne pas aboutir ou être encore retardé, la Région wallonne serait définitivement discréditée aux yeux de notre population sur ce point.

En effet, toutes les Métropoles françaises sont pourvues d'un moyen de transport moderne.

Liège veut, et « Réinventons Liège » l'a montré, une mobilité durable, des circuits courts, un numérique accessible au plus grand nombre et porteur de progrès social.

Cette vision passe aussi et d'abord par la Région.

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Dernier document que je souhaite évoquer, le schéma de développement de l'agglomération liégeoise.

Les 24 conseils communaux de l'arrondissement ont adopté le même texte, un même schéma avec les mêmes objectifs pour assurer un développement territorial harmonieux de notre Métropole.

Désormais, l'ère de la concurrence et de l'incohérence est derrière nous !

Nous serons plus forts au service de notre population si nous collaborons plutôt que de nous replier sous nos clochers.

Merci à mes 23 collègues pour l'engagement au service de notre Métropole.

Merci aux 24 Conseils communaux.

Merci aussi à la Province de Liège d’avoir participé à cette élaboration et d’avoir épaulé la mise en œuvre concrète de la supracommunalité.

Merci à la Députation provinciale dans son ensemble pour son action à nos côtés.

Permettez-moi de chaleureusement mettre à l’honneur son Député-Président, Paul-Emile Mottard, pour son investissement aux côtés des Villes et communes, et son engagement dans la défense de l’institution provinciale.

Paul-Emile a choisi de ne pas se représenter au suffrage.

Il va quitter sa charge avec un bilan impressionnant. Et ce qui ne gâche rien à mes yeux, il a toujours été un ami de la Ville de Liège.

Il a fait preuve au quotidien d’un courage inouï, je voudrais vous demander de bien vouloir applaudir Paul-Emile Mottard.

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Mesdames et Messieurs,

La période électorale bat son plein.  Nous abordons une séquence qui, en quelques mois, et pour 5 ans, verra le renouvellement des instances des villes, Centre Public d'Actions Sociales, Conseils de Police, Provinces, Régions, Communautés, Etat fédéral et Europe.
 
C'est à dire l'ensemble des institutions en deux journées qui régissent notre vie publique.

Deux journées, où les citoyens liégeois grâce à l’initiative de  Julie Fernandez-Fernandez,  pourrons, accepter le don d’organes.  

Il s'agit là d'un acte de solidarité recommandé par celle dont nous connaissons les combats pour l'égalité et l'émancipation de chacune et de chacun.

Mais c'est aussi et surtout un double rendez-vous démocratique essentiel.

Soyons-en dignes !

Evitons la stigmatisation, la division caricaturale, l'injure.

Nous sommes d'autant plus concernés que les villes et communes sont le premier lieu de citoyenneté.
Cela a été rappelé par le journal Le Soir récemment.

L'indispensable lutte pour l'égalité, pour la culture, pour la science, pour la cohésion sociale, contre la division, contre le racisme, contre les préjugés se mène d'abord au niveau local.

C'est le sens des distinctions citoyennes que nous allons conférer dans quelques instants.

Tous ensemble, plus que jamais, veillons aux valeurs qui nous rassemblent, afin que notre Ville, forte et généreuse, contribue toujours au bien-être général à l'issue de cette séquence électorale.

Restons conviviaux, enthousiastes, solidaires et fraternels. Bref restons Liégeois !

Vive la Wallonie !

Vive notre Cité Ardente !

Vive Liège !

 

Lien vers les citoyens distingués du Mérite Liégeois

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