Liège voudrait qu’on interne les SDF polytoxicomanes

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Samedi 14 juillet 2018

Un article de Luc Gochel, à lire dans la Meuse du 14/07/2018

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Depuis des années, le centre de Liège est confronté à quelques dizaines de SDF polytoxicomanes qui troublent l’ordre public. La Ville et la police considèrent que ce sont avant tout des malades et qu’il faut les soigner en les internant de force. Mais pour ce faire, il faut encore que le parquet et les hôpitaux suivent…

À côté des mendiants de rue, Liège compte aussi entre 30 et 50 SDF toxicomanes, parfois violents, rétifs à tout accompagnement social et qui causent de gros problèmes de tranquillité publique.
« Certains ont l’air ravagés par la drogue et l’alcool, explique Christian Beaupère, le chef de la police liégeoise. Ils n’ont plus de discours cohérents et il nous semble que leurs cas sont du ressort de la psychiatrie. »

Et lorsque les policiers y sont confrontés, ils se trouvent souvent fort démunis. « Face à eux, les policiers et les travailleurs sociaux sont découragés, explique Willy Demeyer, le bourgmestre. Ils n’ont pas de solutions. C’est pourquoi, en accord avec la police, je vais rencontrer la magistrature et les hôpitaux pour qu’ils prennent en charge cette problématique avec nous. »
Clairement donc, il s’agit d’activer la nouvelle loi sur la « mise en observation », un terme plus délicat pour évoquer les anciennes notions d’internement ou de collocation.
Pour y faire appel, il faut respecter trois critères : une maladie mentale avérée, que la personne représente un danger pour elle-même ou pour autrui et qu’il n’y ait pas d’autre alternative que de l’obliger à se soigner.

La police peut alors amener cette personne devant un juge de paix qui peut ordonner une « mise en observation » dans un hôpital. Là, elle est vue par un psychiatre et soignée dans une section fermée le cas échéant.

« Si le psychiatre dit qu’on se trompe complètement, pas de problème,reprend le commissaire en chef. Il est libéré sur-le-champ. Mais il peut aussi lui fournir des médicaments. Ou bien le garder en section fermée de 40 jours à deux ans. » Voire même encore davantage en cas de maladie mentale très grave…

Comme à Gand et Anvers

« La magistrature n’est pas très réceptive à utiliser cette formule de privation de liberté, reprend Willy Demeyer, au nom de la liberté individuelle. Et les hôpitaux n’aiment pas non plus soigner des gens contre leur gré. Mais dans l’intérêt de ces personnes qui doivent être soignées et dans l’intérêt de la Ville, je suis amené à faire tomber ce tabou. Et je ne comprendrais pas qu’on n’y réserve pas une suite favorable. »

Et de citer en exemples les villes de Gand et d’Anvers où une telle solution est mise en œuvre.

Et les autres ?

Quant aux autres SDF qui ne sont pas malades, mais qui sont simplement « pauvres » ?

« Je vais ouvrir des structures complémentaires aux accueils durant la période de grands froids, pour qu’en été aussi, ils aient un toit pour la nuit. Et je vais aussi activer l’opération « Housing First », comme en Finlande. »

L’idée consiste à transformer des immeubles en accueils pour SDF où ils auraient chacun leur chambre, des sanitaires communs et un accompagnement social. « Grâce à cela, ils auront une domiciliation et pourront bénéficier d’une allocation du CPAS qui leur permettra de payer un loyer. Mais surtout, ils n’auront plus peur de vivre dans la rue, ce qui est très dur, et ils pourront enfin penser à se réinsérer dans la société. »

Housing First a permis à la Finlande de diminuer de 35 % son nombre de sans-abri. Et le bourgmestre prévoit dans un premier temps trois bâtiments de 12 chambres chacun.

La lettre à la magistrature part lundi et la proposition sera débattue au conseil communal. Nul doute qu’elle suscitera nombre de commentaires.
 

 

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