Pour Liège, la lutte contre le sans-abrisme doit constituer une priorité nationale

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Mercredi 17 mars 2021

La Ville de Liège et son CPAS consacrent plus de 220 millions € par an à l’action sociale. Parmi les priorités défendues figurent la lutte contre la pauvreté et la question du sans-abrisme. Force est de constater, que l’action de la Ville seule, ne permet pas de travailler de manière efficace sur ces problématiques.

Pour Willy Demeyer, la lutte contre le sans abrisme doit être une priorité nationale ! Dès la naissance, il est indispensable de renforcer tous les filets et dispositifs qui peuvent empêcher les citoyens de se retrouver en situation de pauvreté ou de précarité sociale.

L’éradication du sans-abrisme n’est pas qu’une question d'offre d'hébergement et de logement : la prise en charge sociale, mentale et sanitaire est fondamentale. La plupart des personnes qui vivent en rue sont dans cette situation à cause d’une addition de difficultés, qui leur ont fait perdre leur logement. Il faut lutter contre ces difficultés pour leur permettre d’en retrouver un.

C’est avec cet objectif que la Ville de Liège lançait, en novembre 2019, un plan d’action sur le sans-abrisme. Ce plan d’action vise à affiner les données sur le public concerné, à intensifier le suivi et l’accompagnement avec du Case management, à améliorer l’accueil de jour et l’offre d’hébergement de nuit tout en renforçant les stratégies d’intervention.

C’est dans cette optique que la Ville, le CPAS et le Relais Social du Pays de Liège ont participé en octobre dernier au recensement sur le sans-abrisme organisé, par la Fondation Roi Baudouin, en collaboration la KUL et l'ULiège, le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale, et de nombreux partenaires simultanément dans plusieurs villes belges (Arlon, Liège, Gand et dans la province de Limbourg.[1] ).

Réalisé grâce à la mobilisation de toute la communauté locale (services publics et secteur associatif) investie dans l’enjeu du sans-abrisme, ce dénombrement avait également pour objectif de mieux comprendre les différents profils de personnes sans-abris.

Sans surprise, celui-ci met en avant le caractère multiforme du sans-abrisme et la nécessité de développer des approches différenciées afin de pouvoir prendre en compte la multiplicité des aspects et des causes du sans-abrisme, et la complexité des profils nécessitant des parcours d’inclusion spécifiques.

« Au-delà des causes, l’étude montre également qu'il est nécessaire prendre en compte l’usager dans toute sa complexité. Les axes logement, santé, santé mentale, s’entremêlent et nécessitent de penser l’accompagnement de manière globale », précise Jean-Paul Bonjean, Président du CPAS.

A Liège, ce travail social qui vise à réinsérer les personnes dans un logement, à retrouver une vie sociale digne, est réalisé depuis plusieurs années et a été amplifié dernièrement : que ce soit au niveau de la prise en charge des assuétudes, du développement de Housing First, ou de la « Task force logement » qui, mise sur pied à l’été 2020, a déjà permis de reloger et d’accompagner 44 personnes.

Les résultats de la « Task Force Logement » illustrent bien que les programmes types Housing First apportent une vraie réponse car ils allient logement et prise en charge sociale.

Pour le Bourgmestre de Liège, ce type de programmes doit être renforcé via des financements publics européens, fédéraux et régionaux. Les villes étant incapables d’en assumer la charge financière.

Par ailleurs, l’étude illustre confirme un autre fait marquant : 4 personnes interrogées sur 5 se disent en mauvaise santé et 44 % disent souffrir d’addictions. Preuve, s’il le fallait encore, que la prise en charge au niveau de la santé, de la santé mentale et des problématiques connexes est indispensable. La Ville et son CPAS travaillent activement sur cette problématique, en développant notamment, une salle de consommation à moindre risque ou encore tout récemment, des partenariats avec des structures spécialisées (asbl SMILE et CHR par exemple).  

Pour Willy Demeyer, ces constats renforcent les autorités locales liégeoises dans leur conviction et dans les actions qu’elles mènent : « Il est indispensable de renforcer la coordination des acteurs de terrain avec les secteurs hospitaliers et de la justice afin de trouver des réponses adaptées aux situations de santé mentale et de comportements inadaptés qui sont de plus en plus prégnants sur l’espace public ».

Enfin, Willy Demeyer et Jean-Paul Bonjean insistent sur le fait que les villes ne peuvent assurer, seules, la gestion de ces problématiques qui dépassent largement le cadre de la Ville de Liège. La centralité des grandes villes rend la solidarité entre communes indispensable, tout comme l’est le soutien des autres niveaux de pouvoir pour renforcer certains dispositifs.

Ils en appellent dès lors à une mise en œuvre rapide de la Déclaration de politique régionale wallonne qui prévoit que « En matière de soutien aux personnes en grande difficulté sociale et/ou souffrant de problèmes de santé mentale et d’assuétudes : les infrastructures soutenues par la Wallonie (abris de nuit, abris de jour, centres de santé mentale, etc.) doivent être réparties de manière équilibrée sur l’ensemble du territoire pour permettre aux citoyens qui en éprouvent le besoin de bénéficier d’un accompagnement dans leur commune, sans devoir se déplacer vers les villes centrales. Dans cette logique, l’offre en termes d’abris de nuit (nombre, horaires, etc.) et le nombre de logements d’urgence seront accrus au sein des bassins de vie en prévoyant un nombre déterminé de logements de transit et d’urgence dans le parc général de logements et en veillant à leur accessibilité en transports en commun ».

 

[1] Aux données recueillies dans ces villes viennent s’ajouter celles de la Région de Bruxelles-Capitale et de la ville de Louvain, qui ont mené un exercice similaire de leur propre initiative. Les résultats et chiffres relatifs aux dénombrements menés dans chaque ville sont disponibles sur www.kbs-frb.be.

 

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