Interpellation du Premier Ministre à la Chambre des Représentants

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Mercredi 15 octobre 2014

 

Monsieur le Premier Ministre,

Le débat sur la collaboration empoisonne le vivre-ensemble belge depuis la fin de la deuxième guerre.
Il revient sur le devant de la scène dès avant l’installation de votre gouvernement, c’est-à-dire entre les prestations de serment et le vote de la confiance.

Il ne s’agit pas de vous reprocher de préférer la N-VA au PS.
Il ne s’agit pas de vous reprocher de cacher le socio-économique derrière le sécuritaire.
Il ne s’agit pas d’un débat gauche / droite.
Il ne s’agit pas d’un débat flamands / wallons.
Il ne s’agit même pas d’un débat sur le passé.
Il ne s’agit pas d’un procès d’intention.
Il ne s’agit pas d’une manœuvre visant à gâcher votre installation.

Il s’agit de la démocratie.
Il s’agit de nos libertés publiques.

Raison pour laquelle il fallait poser une question préjudicielle : c’est ce que notre chef de groupe Laurette Onkelinx a fait hier.

Monsieur le Premier Ministre,

1° La N-VA est un parti qui recèle en son sein des éléments qui ne sont pas des démocrates.

2° Vous avez choisi de confier à ce parti quasi toutes les fonctions régaliennes, à l’exception de la Justice, confiée à un autre parti flamand.

3° Vos deux ministres ayant prêtés serment, n’ayant pas encore reçu la confiance, ont des propos ou des attitudes qui peuvent être perçues comme ambiguës vis-à-vis de la démocratie.
Les responsabilités qui leur sont confiées, couplées à leurs attitudes, imposent une clarification nette de votre part, à l’opposé de tous les faux fuyants.

M. Jan Jambon nous dit à propos de la collaboration :
« C’est une erreur du mouvement flamand ». Quelle erreur ? J’y reviendrai
« Ils avaient leurs raisons »
« Je n’étais pas là ».

Que nous dira-t-il en cas de bavure, rares mais toujours possibles, des forces de l’ordre ?
Je n’étais pas là ?
Ils avaient leurs raisons ?

Ne craint-il pas des incidents ?
Ne craint-il pas de justifier erronément la présence de l’armée dans nos rues ?

À Monsieur Francken, je dirais que le problème n’est pas de s’acharner sur un homme de 90 ans.
Il s’agit d’un homme de 36 ans, lui-même, qui demande, reçoit, accepte, la responsabilité de charges importantes et délicates et qui, par son comportement, sème le trouble aux yeux de la Belgique entière.

Monsieur le Premier Ministre, pouvez-vous assurer que M. Francken ne sera pas au centre, demain, d’un réseau au sein des services de sécurité du Royaume, dévoué à la mise en œuvre de son propre programme ?

Monsieur le Premier Ministre,

Vos deux ministres parlent d’erreur à propos de la collaboration.
S’agit-il d’une simple erreur tactique voire stratégique du mouvement flamand ?

Pouvez-vous nous assurer personnellement – Monsieur Jambon et Monsieur Francken peuvent-ils nous assurer qu’ils considèrent cela comme une faute, un crime contre l’humanité ?

Cette clarification est nécessaire pour rassurer le Parlement, les professionnels, la popupation, sur le caractère démocratique de votre gouvernement et de votre action future.

Dans le cas contraire, vous traînerez cela comme un boulet entachant, dès la première heure jusqu’à la fin de la législature, tout ce que vous pourrez dire et faire.

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