Inauguration du Théâtre de Liège

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Jeudi 3 octobre 2013

Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Un Théâtre est né! C’est un grand moment pour Liège!
Je suis particulièrement heureux et ému de célébrer avec vous cet évènement.Comment aborder cette épopée ? En vous racontant deux histoires.Tout d’abord celle du Théâtre du Gymnase, mêlée à la saga mortifère, funèbre pour Liège, de la place Saint-Lambert. Jeune Echevin des Travaux en 1991, j’ai ressenti le malaise toujours perceptible de la disparition du théâtre. Jeune Bourgmestre, j’en ai trouvé la meilleure expression dans l’excellent livre  « Liège sur scène » publié en 2000 aux éditions Luc Pire.

En conclusion, Monsieur José Brouwers, citoyen d’honneur de Liège écrivait :
«Liège a 50 ans de plus. Son théâtre est parti en poussière il y a 25 ans, après qu’un drapeau noir ait annoncé son décès. Les comédiens se sont éparpillés. D’aucuns ont été engagés par les maîtres d’un Gymnase nouveau. L’Emulation fut le refuge premier de la troupe. Et puis, on a construit un bâtiment provisoire place de l’Yser. Ce devait être une salle omnisports, ce fut un théâtre. Il ne faut guère qu’un tréteau et quelques gradins. On allait construire un théâtre moderne. Le bâtiment d’Outremeuse était provisoire. Et pour imaginer un théâtre tout neuf, on a exilé le Trianon et supprimé le Crosly. On a aussi supprimé le Carrefour, le Marivaux, le Balzac et quelques autres salles. Il n’y a toujours pas de théâtre.(…)

Giraudoux disait qu’il fallait construire un théâtre spécifique pour chaque spectacle. Si l’on en érigeait déjà un, que pourraient se partager les compagnies professionnelles ! Ce serait une bonne façon, pour les politiques, de se faire pardonner d’avoir détruit le bon vieux théâtre de la place Saint-Lambert. Le fantôme du Gymnase revient quelquefois le soir sur la place déserte. Il y rencontre Arlequin, noctambule de bonne humeur. Et sans doute aussi Tchantchès qui porte l’âme de Liège en bandoulière».

Monsieur Brouwers,
Vous savez que ces lignes ont, depuis, guidé l’action du Collège et des pouvoirs publics afin non seulement d’être pardonnés mais aussi de préparer l’avenir. Il faut dire aussi que notre Projet de Ville, au-delà de stabiliser nos finances, de conforter la fonction publique communale, de travailler à la renommée de Liège, était de rééquiper la métropole sur le plan des transports, du sport et de la culture. Après d’autres grands projets et avant d’autres, nous voici au Théâtre de Liège.

Mais comment relever ce défi ? Il fallait trouver le financement...
La Communauté française confirmant son attachement à la culture à Liège a apporté 55% du coût des travaux. Le département Patrimoine de la Région wallonne, la Province dans sa fonction supracommunale et la Ville ont apporté le reste. Il fallait aussi des équipes pour réaliser l’œuvre.

La Communauté française, tout d’abord, et la Ministre Fadila LAANAN, avec les différents ministres qui se sont succédé à la Communauté et à la Région, les différents Collèges, depuis 2000, avec, aux Travaux, Jean-Géry GODEAUX qui initie le projet et Roland LEONARD qui l’achève.

A la Culture, Hectore MAGOTTE et Jean Pierre HUPKENS. Mais également, Jean-Louis COLLINET, Serge RANGONI et le personnel du Théâtre de la Place. Il faut aussi saluer les fonctionnaires des différentes administrations, les architectes, les entreprises et leur personnel, cadres et ouvriers, et enfin les Amis du Théâtre de la Place conduits par notre Gouverneur, Michel FORET.

Mais surtout, il fallait un lieu...
Et c’est William ANCION qui, un jour, au début des années 2000, me suggère le Théâtre de l’Emulation, abritant le Conservatoire, qui venait d’être fermé pour insalubrité. Marie-Thérèse VERCHEVAL et l’équipe de la Société libre de l’Emulation ainsi que l’Institut du Patrimoine Wallon, coordonnés par Jean-Christophe PETERKENNE, jettent les bases du dossiers.
Et voici, Mesdames et Messieurs, la seconde histoire que je vais vous raconter. Elle débute au cœur de Liège au siècle des Lumières. Le 2 juin 1779, répondant à l’appel de 7 citoyens éclairés, à la tête desquels on trouve l’Abbé RAMOUX, le Prince-Evêque François-Charles, Comte de Velbruck, permet la création de la Société libre de l’Emulation.

Celle-ci, concrétisée en une semaine, doit être une académie, une société savante, qui promotionne la culture, les lettres et les sciences dans une ambiance de sociabilité érudite. Le 20 août 1914, une soldatesque avinée met le feu à de nombreuses maisons de la Place de l’Université. Cet incendie fut accompagné de fusillades qui ont causé la mort de 28 civils.
Tout a brûlé. Le projet de reconstruction mit un certain temps et gagna en importance car la municipalité en a triplé la surface en mettant à disposition des parcelles expropriée. L’architecte Julien KOENIG signa la réalisation et le bâtiment fut inauguré le 17 mai 1939 par Xavier NEUJEAN, Bourgmestre de Liège. A nouveau rattrapé par la guerre, il fut occupé par le département de la Justice de 1940 à 1948.

Voilà, Mesdames et Messieurs, la double histoire qui nous conduit aujourd’hui, dans un magnifique théâtre de plus de 7800 m² utiles à nouveau dédié aux arts, aux lettres et à la culture, conçu pour les artistes, pour les spectateurs et pour les travailleurs.
Je salue ici l’œuvre des architectes EBBELYNCK et DEWITTE. Elle fait déjà débat, ce qui est bon signe. Certains y voient de l’orgueil, d’autres, du génie. Je connais, Messieurs, les contraintes de la programmation.

Il s’agit, au-delà de l’architecture, d’une réalisation urbanistique qui dépasse la dimension d’un seul bâtiment. Et même de la requalification d’un quartier tout entier par la réaffectation d’un bâtiment emblématique en plein centre-ville, là où de nombreux projets fleurissent, face à notre Université. Il vient s’ajouter à d’autres infrastructures culturelles, dans un périmètre restreint, affirmant ainsi le caractère de métropole culturelle de Liège.

Je voudrais, en votre nom, dire à Serge RANGONI, que c’est évidemment un magnifique cadeau qui est fait au monde théâtral et à l’équipe du Théâtre de Liège. Mais ce cadeau, il le sait, comporte des devoirs, dont le moindre n’est pas d’entretenir l’articulation avec le Conservatoire et d’être le lieu de toutes les compagnies professionnelles.

Il faudra aussi travailler à la renommée de la Communauté française, en Communauté et à l’extérieur. Mesdames et Messieurs, nous sommes réunis ce midi dans un contexte où se mêlent l’histoire et la science, pour refermer deux plaies qui ont marqué notre psychologie collective. Celle du Théâtre du Gymnase et celle du bâtiment de l’Emulation. Nous les cicatrisons collectivement avec force. Nous inaugurons avec sagesse un lieu de culture ouvert au plus grand nombre. Puisse la beauté du lieu illuminer de nombreuses générations.

 

Théâtre de Liège

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